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L’amour des taxes

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2285 15 août 2025

Il y a une trentaine d’années, nous avons vécu la crise des fonds en déshérence, où les Américains avaient décidé de piquer un max de pognon à la Suisse, juste parce qu’elle en avait beaucoup. Il y a une quinzaine d’années, nous avons eu droit à la destruction du secret bancaire helvétique, lorsque les Américains ont décidé de re-piquer un max de pognon à la Suisse, juste parce qu’elle en avait encore beaucoup. Cet été, nous nous prenons en pleine poire, avec une stupéfaction apparemment non feinte, de nouveaux droits de douane exorbitants: les Américains ont décidé de re-re-piquer un max de pognon à la Suisse, juste parce qu’elle en a toujours beaucoup. C’est ainsi qu’à intervalles d’environ quinze ans les Suisses s’indignent de redécouvrir ce qu’ils avaient oublié – ce qui ne les dissuade pourtant pas de continuer à se ranger aux côtés de l’Oncle Sam (ou Ronald, ou Donald, ou Joe) dans les conflits que celui-ci déclenche un peu partout dans le monde.

En même temps, lorsque nous écoutons nombre de nos concitoyens, les accords de libre-échange, avec leurs perspectives de diminution des droits de douane, semblent représenter autant d’infâmies, de compromissions avec les turpitudes du commerce international, d’incitations à détruire la forêt amazonienne et à affamer les honnêtes artisans suisses. C’est aussi pour satisfaire la vox populi que, depuis le 1er janvier de cette année, le moindre souvenir rapporté de vacances doit être déclaré et taxé par la douane. On se demande si le président américain, avant de lâcher, au pif, le chiffre de 39%, ne s’est pas tout simplement renseigné sur l’affection que les Suisses portent aux taxes.

L’explication tient sans doute en ceci, qu’il en va des droits de douane comme de toutes les richesses, et de l’argent en général: c’est indispensable quand c’est à nous, scandaleux quand c’est aux autres. Et en cela, les Suisses sont assez semblables aux Américains.

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