L’avenir radieux de La Poste

Le supplément focus.suisse joint à 24 heures du 26 juin propose une interview d’Alex Glanzmann, CEO ad interim de La Poste. Nous ne résistons pas à en livrer quelques extraits:

Cette identité forte ne nous empêche pas de regarder vers l’avenir. Nous devons sans cesse évoluer pour réconcilier notre rôle de service public avec les exigences de nos clientes et clients. Cela implique d’adapter nos prestations aux besoins émergents, notamment par la digitalisation, tout en assurant la continuité du service physique. […]

Aujourd’hui, nous devons anticiper les mutations économiques et géopolitiques, afin de proposer des produits et services qui nous permettent de rester compétitifs. Cette capacité d’adaptation est essentielle pour garantir notre modèle économique à long terme. Pour cela, il est crucial que nous définissions collectivement les grandes orientations à venir. […]

L’innovation a toujours été une condition de survie dans un environnement logistique ultra-concurrentiel. Elle nous permet d’être plus efficaces, plus durables, et plus proches de nos clients. […]

Nous travaillons à la création d’un espace centralisé pour nos clients, permettant de gérer l’archivage, les paiements et les communications en toute sécurité. La cybersécurité, évidemment, fait partie intégrante de cette stratégie, car la confiance numérique est primordiale. […]

L’IA assiste nos collaborateurs dans leurs tâches quotidiennes, contribuant à simplifier les processus et améliorer leur confort de travail. Nous veillons cependant à encadrer rigoureusement son déploiement, afin de conserver une maîtrise humaine sur l’ensemble des opérations. Dans tous les cas, c’est l’expérience du collaborateur qui prime. […]

Nos objectifs climatiques et énergétiques sont ambitieux, mais indispensables. Nous visons la neutralité carbone dans notre exploitation d’ici 2030 et l’objectif zéro émission nette sur l’ensemble de notre chaîne de valeur d’ici 2040. […]

Nous avons identifié trois axes prioritaires, premièrement la construction, avec des matériaux durables pour nos bâtiments. Deuxièmement l’approvisionnement, en favorisant des circuits courts et responsables, et troisièmement le développement de produits et de services circulaires, tels que les emballages. […]

Nous avons à cœur de représenter la diversité de la société suisse, car nous souhaitons fournir des services pertinents pour toute la Suisse. Avec nos quelque 45000 collaboratrices et collaborateurs qui exercent plus de 100 métiers dans toutes les régions linguistiques du pays, nous sommes un reflet de toute la population. […]

Nous disposons d’un système intégré de gestion des risques, dans lequel le changement climatique est désormais un axe prioritaire. […] Notre ambition environnementale est portée par tous les collaborateurs, et nous la considérons comme une responsabilité collective envers la société et les générations futures.

Identité forte, anticipation face aux mutations, stratégie collective, innovation, cybersécurité, intelligence artificielle, neutralité carbone, économie circulaire, diversité culturelle, gestion du risque, responsabilité sociale: Monsieur Glanzmann coche toutes les cases de la langue de bois managériale moderne. Mais l’usager que je suis, client captif de la Poste, n’a pas assez d’imagination pour prévoir ce que laisse soupçonner ce charabia: combien d’agences resteront ouvertes dans dix ans? Quelle hausse tarifaire est prévue pour le courrier papier qui se raréfie? Va-t-on supprimer la distribution à domicile comme au Danemark? Les paiements au guichet resteront-ils possibles? Mon agence locale va-t-elle disparaître au profit d’un point de collecte automatique pour les retours de vente par correspondance? Quel sera le sort des employés rendus inutiles par ces changements?

Le moment venu, M. Glanzmann laissera probablement son très socialiste président de conseil d’administration s’expliquer avec la presse sur les restructurations prévues et leurs conséquences.