† Bernard Reymond (1933-2025)
Il était à la fois pasteur, théologien, professeur, historien et journaliste, connu dans toute la Suisse romande et jusqu’à Paris et Montpellier comme une figure marquante du protestantisme libéral. Originaire de L’Abbaye et du Chenit, Bernard Reymond est décédé à Clair-Soleil (Ecublens) après une courte hospitalisation à Lausanne. Lors du culte célébré au temple du Prieuré, à Pully, le pasteur Claude Schwab l’a décrit comme un bâtisseur de ponts.
Consacré à la cathédrale de Lausanne, suffragant à l’église de l’Oratoire du Louvre, puis pasteur titulaire de trois paroisses de l’Eglise réformée du Canton de Vaud, celles de Lausanne-Bellevaux, Villars-Chesières et Ecublens-Saint-Sulpice, il avait été aussi en charge de l’aumônerie lausannoise.
Il avait obtenu le titre de docteur en théologie de l’Université de Lausanne avec une thèse consacrée au théologien Auguste Sabatier et avait décroché son habilitation à l’Université de Zurich avec des travaux sur la réception de Barth en francophonie. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la pensée protestante et sur la relation entre le protestantisme, la culture et les arts. On lui doit notamment une Introduction au droit ecclésial protestant et L’architecture religieuse des protestants, qui a fait l’objet d’une édition japonaise. En collaboration avec Doris Jakubec, il a rassemblé des textes de Vinet et consacré un ouvrage au philosophe vaudois (A la découverte d’Alexandre Vinet, L’Age d’Homme, 1990). Il s’est aussi intéressé à l’œuvre de Schleiermacher et a traduit des œuvres de ce grand philosophe de l’époque romantique allemande, ainsi que de Zwingli et d’Ernest Troeltsch.
Le journaliste a été pendant quarante ans la cheville ouvrière du Protestant, principal organe du protestantisme libéral en Suisse romande, disparu en 2008, et a collaboré à de nombreuses revues religieuses, ainsi qu’à 24 heures, de 1962 à 1978. Le professeur a enseigné l’histoire des Eglises et de la théologie moderne à Montpellier, puis la théologie pratique à l’Université de Lausanne, et a été privat-docent à la Faculté de théologie de Zurich.
Son collègue et ami Denis Müller lui a rendu hommage dans Le Temps, disant avoir apprécié qu’il mette les théologies libérales au pluriel: «Son œuvre est précisément libérale en ce qu’elle appelle et suscite la discussion. Bernard Reymond est resté jusqu’au bout, avec courage et ténacité, un homme de l’ouverture et du dialogue, y compris dans le domaine œcuménique.» Ce jugement doit être nuancé sur un point: Bernard Reymond, il nous l’a confié peu de temps avant son décès, ne jugeait pas opportun d’ouvrir la cathédrale de Lausanne à la messe catholique. Ce qu’il partageait avec plusieurs catholiques, et notamment avec son ami l’abbé Gilbert Vincent, c’était une même conception de la critique de textes bibliques selon laquelle ceux-ci n’étaient pas révélés en eux-mêmes, mais étaient écrits par des gens touchés par la grâce de Dieu.
Nous exprimons toute notre sympathie à la famille du pasteur Reymond, à sa veuve, à ses enfants et petits-enfants.
Note:
Le pasteur Bernard Reymond n’était pas un inconnu pour les lecteurs de La Nation. Son libéralisme était aux antipodes des positions de notre journal. Ses rédacteurs eurent plus d’une fois l’occasion de croiser le fer avec lui. Mais le ton resta toujours courtois. M. Regamey consacra un éditorial à l’un de ses ouvrages, paru en 1980 aux éd. L’Age d’Homme : « Une Eglise à croix gammée ? » Réd.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Crise viticole, crise culturelle – Editorial, Félicien Monnier
- L’avenir radieux de La Poste – Cédric Cossy
- Pour une Suisse fidèle à elle-même – Jean-François Cavin
- Pavane pour une pataugeoire défunte – Laurence Benoit
- Sans cesse plus étroite – Olivier Delacrétaz
- Quand rigueur devient trahison – Yannick Escher
- 39%, quid du long terme? – Benjamin Ansermet
- La menace selon le Conseil fédéral – Jean-Baptiste Bless
- Les Racines du ciel de Romain Gary – C. Glez
- L’amour des taxes – Le Coin du Ronchon
