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L’inégalité des revenus augmente-t-elle?

Jean-François Cavin
La Nation n° 2271 24 janvier 2025

Ceux qui gagnent beaucoup gagnent toujours davantage; ceux qui gagnent peu gagnent toujours moins. L’écart se creuse au fil des années. L’inégalité devient criante. L’équilibre social du pays est menacé. Tout cela est bien connu; la gauche le répète à satiété; les «gros» doivent être matraqués.

Et pourtant, c’est faux. L’Institut de politique économique suisse de l’Université de Lucerne (Institut für Schweizer Wirtschaftspolitik – IWR) démontre le contraire. Sur la base de calculs reposant notamment sur les statistiques fiscales, il décrit l’évolution de la répartition des revenus. Depuis un siècle environ, les 10% de la population bénéficiant des plus hauts revenus gagnent environ 30% du revenu total des habitants du pays; le chiffre est à peu près stable. Tout en haut du panier, le 1% des super privilégiés gagne 10% du total, part stable elle aussi.

L’importance de la classe moyenne (celle dont le revenu est compris entre 70% et 150% du revenu médian de la population) ne varie guère non plus. De 1998 à 2021, elle oscille entre 55% et 60% de l’ensemble. De même pour la tranche de 20% de la population au gain le plus faible: c’est toujours environ 9%.

En comparaison internationale avec l’Allemagne, l’Angleterre, l’Autriche, la France, l’Italie, la Suède et les USA, l’écart entre les hauts et les bas revenus bruts est le plus faible en Suisse (plus faible qu’en Suède!). Si l’on considère le revenu disponible après impôt et autres ponctions publiques, la Suisse est dans la moyenne, car la fiscalité est moins lourde que dans certains autres Etats. En comparaison intercantonale, le Canton de Vaud est légèrement au-dessus de la moyenne suisse.

Comment expliquer alors l’idée persistante que la disparité des revenus augmente? M. Markus Somm, éditorialiste du Beobachter, y voit l’effet de la tendance gauchisante de la plupart des journalistes. C’est bien possible; à force d’être répétées, les idées fausses deviennent des idées reçues. Mais il y a probablement d’autres causes. La grande visibilité des multimilliardaires à la tête des cyber-multinationales, même si c’est à l’étranger, ou de quelques banquiers au salaire indécent nourrit probablement le sentiment que les puissants s’en mettent plein les poches. Et, humainement, pour beaucoup de gens qui doivent surveiller leurs dépenses, la critique envieuse du luxe est un penchant bien naturel. Mais la conduite de la politique ne doit pas être dictée par une image déformée de la réalité.

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