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Qui paiera la 13e rente?

Olivier Klunge
La Nation n° 2255 14 juin 2024

Les rentes du 1er pilier (entre CHF 1 185 et CHF 2 370 par mois) ne permettent plus d’assurer un standard de vie jugé digne selon nos critères actuels. Même si les prestations complémentaires les complètent, les Suisses ont décidé d’offrir à leurs aînés une treizième rente AVS.

Malheureusement, l’argent de la protection sociale ne tombant pas du ciel, il faut aujourd’hui songer au financement de cette mesure. Les rentes AVS sont acquittées par un fonds alimenté, d’une part, par les cotisations des employeurs et travailleurs (pour trois quarts) et, d’autre part, par une contribution de la Confédération. L’argent de l’Etat ne tombant pas du ciel non plus, cette part est fatalement financée par toutes sortes d’impôts et de taxes (en particulier, la TVA et les taxes sur les maisons de jeux).

Dans le deuxième pilier (LPP), les cotisations de chaque assuré sont thésaurisées en vue de sa retraite, permettant d’amasser un capital dont le placement apporte des revenus additionnels (le 3e cotisant avec l’employé et l’employeur). Pour l’AVS, seule la différence entre les revenus et les rentes de l’année est thésaurisée. Ainsi, le fonds AVS ne couvre qu’un peu moins d’une année de cotisation, ne permettant d’apporter que des rendements anecdotiques pour la masse des rentes à financer (environ 1%).

Pour financer l’augmentation d’un treizième des charges de l’AVS, il n’y a donc que trois solutions. Premièrement, faire payer les actifs; c’est la solution de la gauche: augmenter les cotisations sociales. Le Conseil fédéral approuve cette variante, proposant alternativement d’y ajouter une augmentation de la TVA qui serait financée tant par les jeunes que les vieux. La droite qui propose simplement de creuser dans les fonds de l’AVS reporte aussi la charge sur les jeunes. Alors que les aînés sont globalement mieux lotis que les familles, cette solution n’apparaît pas comme socialement juste.

Deuxièmement, la Confédération peut augmenter sa contribution. Pour ce faire, elle pourrait chercher de nouveaux impôts qui mangeront à nouveau le pouvoir d’achat des contribuables. La Confédération pourrait aussi diminuer d’autres dépenses pour les allouer à la prévoyance-vieillesse. Il semble que de nombreux votants ont estimé qu’ils pouvaient bien s’offrir une 13e rente, alors que l’Etat trouvait des moyens supplémentaires pour financer plein de nouvelles causes (climat, Ukraine, armée, asile, formation, etc.). Admettons cependant qu’il n’y a pas de consensus sur les tâches à abandonner et que des mesures d’optimisation de la productivité de l’administration auront de la peine à diminuer rapidement les charges de cinq milliards sur un total de 80. Les parlementaires peinent déjà à résorber un déficit de deux milliards. Il y aurait cependant de quoi faire, tant pour libérer la Confédération des tâches qu’elle s’est arrogées au fil des ans, que pour rationaliser le fonctionnement d’un secteur public croissant.

Enfin, si l’on n’augmente pas les recettes, il reste à diminuer les dépenses. Une augmentation de deux ans de l’âge de la retraite compenserait à peu près le coût de la 13e rente. Cette solution aurait le mérite de faire reposer le financement de cette charge nouvelle, non sur les actifs, mais sur les retraités qui travailleraient plus longtemps pour vivre mieux à la retraite. Vu l’augmentation de l’espérance de vie depuis l’introduction de l’AVS en 1948 et l’amélioration de l’état de santé général des soixantenaires, cet effort ne paraît pas disproportionné.

Une combinaison de différentes mesures est évidemment possible, d’autant que le financement à moyen terme de nos retraites le requiert, avec ou sans 13e rente.

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